vendredi 12 avril 2013

Sensibilisations (et plus, puisque affinités...)

Aux différents ateliers proposés aux Colombiens se sont ajoutées deux actions de sensibilisation en direction de professionnels de la culture et de l'éducation :
- "Animer un atelier d'écriture en milieu scolaire", à destination des enseignants des établissements scolaires impliqués sur le CLEA : proposition de pistes d'écriture, points d'attention, rapport enseignant/auteur, lieux-ressources, et quelques travaux pratiques (l'inventaire, l'éloge paradoxal, "choses vues" à la Hugo etc.)
- "A la découverte du théâtre contemporain", destiné aux bibliothécaires des trois médiathèques de la ville : paysage des nouvelles dramaturgies depuis Koltès et Lagarce, fable et poésie, théâtre à lire / théâtre à jouer, pièce-machine / pièce-paysage (cf Michel Vinaver), place du jeune public, du théâtre francophone, maisons d'édition, rôle des "prescripteurs", liens utiles, valorisation et dynamisation d'un fonds de théâtre contemporain en bibliothèque...
Les meilleures choses ont une fin... C'est aujourd'hui le dernier jour de ma résidence colombienne. Je remercie chaleureusement toutes celles et tous ceux qui ont fait que ces quelques mois se sont passé magnifiquement : participant(e)s aux différentes traversées, enseignant(e)s, responsables pédagogiques, référent(e)s du service Inter G, animateurs-trices, médiateurs-trices, tutelles qui ont financé le projet... et en premier lieu la Direction de la Culture de Colombes qui m'a accompagnée activement dans la réalisation de ce moment privilégié de création partagée, à travers la ville (ses lieux, ses thématiques), à travers les arts, à travers les oeuvres, à travers les âges, à travers les mots...

Comme toutes les belles fêtes, celle-ci a son After... en l'occurence "Chemins de Traverse" : plusieurs rendez-vous ponctuels qui émailleront le printemps, du 19 avril au 8 juin - le calendrier en est donné dans la colonne de droite ("à noter dans l'agenda"). Je serai heureux de vous y retrouver !

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mardi 9 avril 2013

Anagrammes

Et si le langage avait pour alphabet les seules lettres de notre nom ? A la manière de Georges Pérec (Beaux Présents, Belles Absentes, Seuil 1994), les élèves de 6ème du collège Paparemborde ont imaginé de courts textes en hommage à... eux-mêmes, en n'utilisant que les lettres composant leur prénom et leur nom (... ou comment s'amuser en combinatoire, avec les contraintes d'un alphabet restreint) :

Je sens en Janice
La gentillesse
Et "Joli oiseau" vole !
Janice
Le gang des bonbons carrés rouges
A horreur
Du beau lagon.
Chaouk
Moi
Je gagne
En garçon sage...
Jean-Charles

Le miel à l'aise, amie :
Il like les vides des sacs
Il aime la came, les dames -
Devienne malade !
Mickael
Nul ne dépasse Nehad
Dans l'immense lac d'eau douce
Où tout le monde réfléchit.
Nehad

Rio a un roi
Juin a un ami
Mai, un mari
Moi j'ai un joujou noir haï...
Rima

Pour aller plus loin :
- Les petits malins pourront tenter de deviner, en "soustrayant" aux lettres des poésies celles qui composent le prénom de chaque texte, les patronymes des apprentis-poètes.
- Noter qu'on peut aussi faire le contraire et utiliser, pour composer son texte, toutes les lettres de l'alphabet à l'exclusion de celles composant les nom et prénom (ce que Perec nomme les 'belles absentes').

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dimanche 7 avril 2013

A la rencontre d'Halima Benaïssa


 - Halima Benaïssa, pouvez-vous nous résumer en deux mots votre parcours ?
- Il est plutôt atypique, puisque après plusieurs années passées dans le secteur privé à m’occuper d’administratif ou de commercial, j’ai décidé d’allier travail et passion en candidatant au poste de médiatrice du livre ouvert par la ville de Colombes. Les livres sont ma passion : depuis plusieurs années, je participe avec sept autres amies à un « club de lecture » : une fois par mois, nous partageons un repas et nous débattons autour d’un livre que nous avons toutes lues (généralement un roman paru récemment).

- En quoi cela consiste, d’être « médiatrice » ?
- A créer du lien entre le public et la médiathèque. Moi, mon territoire si je puis dire, c’est le quartier Aragon : il s’agit d’aller vers les publics qui ne viennent pas dans les médiathèques : je travaille avec les associations, les écoles, les maisons de retraite, le centre socio-culturel du Petit-Colombes…

- Comment ça se passe concrètement ?
- Généralement j’arrive avec des livres que j’ai choisis en fonction des centres d’intérêt des gens que je vais rencontrer, on parle des livres, on s’en lit des passages, et on échange aussi sur… sur tout, finalement, à partir des livres. Ça passe beaucoup par de la convivialité aussi (thé, café, biscuits… prendre le temps de parler). Peu à peu les liens se tissent, nous les invitons à venir aux animations dans les médiathèques, nous leur faisons visiter les lieux… C’est super, de croiser en médiathèque quelqu’un que j’ai repéré lors de mes actions de médiation ; de voir qu’il ou elle a poussé de lui/elle-même la porte de cet endroit où il ou elle n’osait pas s’aventurer avant. Récemment, l’association des parents d’élèves de l’école Buffon m’a invitée à venir faire une animation à la brocante qu’elle organise : petit à petit, le lien se tisse autour du livre et de la lecture. Nous sommes deux, sur Colombes : moi, donc, je suis plutôt dans le secteur Aragon. Et il y a un autre médiateur du Livre, Ronan, aux Fossés-Jean.

- Un mot sur votre implication dans le CLEA ?
- J’ai facilité la réalisation de deux des « traversées », avec les résidents du foyer Adoma, rue Colbert, où j’interviens. D’une part La Traversée de Colombes : j’ai organisé la rencontre-interview des résidents par les écoliers de Marcelin Berthelot ; d’autre part La Traversée des Âges, où j’ai aidé à l’échange de lettres sur la thématique des premières fois entre quelques résidents du foyer et des collégiens de Paparemborde.
Les résidents ont été très touchés de recevoir des enfants dans leur « chez-eux ». Ce n’est pas si fréquent, pour eux. Ça les a valorisés, ils ont éprouvé une certaine fierté à ce qu’on vienne les interviewer. Ils viendront avec plaisir écouter La Traversée de Colombes le 12 avril, et retrouver « leurs » petits journalistes !

jeudi 4 avril 2013

Ecrire une île, écrire la ville

Des poèmes entre deux classes de CE2 de l'école Marcelin Berthelot s'apprêtent à traverser... non pas seulement la rue, comme ce fut le cas pour d'autres écoles, mais... la mer ! En effet, les CE2A vont partir en classe de nature sur l'île de Groix. Ils écriront des poèmes, inspirés des paysages qu'ils verront, aux CE2B qui, en retour, leur décriront la ville... Aujourd'hui, avec chacune des classes, nous nous sommes "entraînés", à partir de visuels qu'ils ont apportés, à différentes méthodes d'écriture de formes poétiques courtes :
Beaucoup de bleu
J'entends des fleurs
Mais je sais que ce n'est pas moi.
Amel

Saint-Cyprien brille quand le soleil brille / avec plein de bateaux partout / autour, des maisons / quand la nuit éclate, les lumières se brisent / à la mer / la mer devient utilisée / pour que tout le monde joue / c'est ça, la vie au sud !
Océane

Côte Dunes Sable Marécage
Coucher Soleil Romantique
Ensoleillé
William
Le bruit des vagues
Les fleurs d'une rose -
Les mouvements de mon coeur !
Safa
Le soleil va bientôt se coucher
Anis on y va ? Au port !
Vas-y, roule le bateau
Ima, une tempête approche - Quoi ! Une tempête ?
Le bateau n'a plus d'essence
La tempête de Saint-Malo s'approche !
Emilie, elle est où, là ? Quoi ! Elle nage ? La tempête va l'emporter !!!
Anis

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mardi 2 avril 2013

Non, cent fois non, mille fois non !

Entre d'un côté les seniors du service Inter G et les résidents du foyer Adoma, et de l'autre les collégiens de Paparemborde (classe de 4ème), les derniers courriers s'échangent. Tout le monde (soit une petite cinquantaine de participants) se retrouvera le 10 avril pour une matinée de rencontre et de lecture. Chacun lira, parmi les trois lettres qu'il a écrites, celle qu'il préfère. Et les binômes (qui, depuis janvier, ne se connaissent qu'épistolairement) feront connaissance.
La deuxième injonction d'écriture était : la première fois que j'ai dit "non", et la troisième (et dernière) : la première fois que j'ai éprouvé de la fierté. Trois lettres cueillies au hasard dans le bouquet des juniors :

La première fois que j’ai dit « non »
Mon cœur était en train de bouillonner d’envie de dire « non », j’avais une sensation de révolte, il y avait une flamme en moi, j’étais énervé et après le non je me suis senti bien et relaxé, et ça a été mon premier mot : « non ».
Ça s’est passé le 14 juillet 2002. Il faisait très chaud, avec un ensoleillement intense et lumineux, je suis sorti pour jouer avec mes amis dans le parc, et il y avait toujours un chef ou un meneur de groupe, et c’était toujours le même, donc je sentais cette sensation d’énervement, mon corps bouillonnait d’envie de dire ce mot… Mais on avait voté pour savoir qui c’était le chef ou le meneur…
J’ai proposé un jeu, mais personne ne m’a écouté parce que c’était le chef qui devait décider. Mon corps tremblait. Donc j’ai hurlé ce mot : « NON ».
B.

Un amour sans réciproque
Je n’oublierai jamais ce jour où il m’a serrée dans ses bras. Je regrettais mon choix : pourquoi avais-je dit ça ? Pourtant je l’aimais. Mais ce n’était pas moi, le problème ; c’était lui.
Mon premier amour, je pense que je l’aimerai toujours. Il m’a laissé ici toute seule. J’ai su que je n’avais pas fait le bon choix : oui, j’ai dit non. J’éclatai en sanglots et chantai :
« J’ai dit non la première fois / J’ai dit oui toutes les autres fois / J’ai bien fait de changer d’avis / Tu étais l’amour de ma vie »
J’avais bien compris son jeu, j’avais été vraiment naïve, j’étais une victime de l’amour. Pourquoi est-ce que l’amour faisait aussi mal ? En tout cas, j’étais bien décidée à tourner la page.
Repensant à ce qui venait de se passer, je me suis levée, j’ai soupiré un bon coup, et je me suis dit que j’allais m’affirmer.
P.


Chère L.***,
J’ai été touchée par votre première lettre « la première fois que j’ai dit NON », car justement j’adore les animaux, je suis contre la fourrure, l’hippophagie, et le massacre d’animaux pour leur viande : en CM2 j’étais végétarienne mais je me sentais très faible, alors malheureusement je suis redevenue omnivore en 6ème.
J’adore les animaux, j’ai d’ailleurs un chien, c’est un Jack Russel, il s’appelle Floppy, il a 3 ans, et j’ai un chat noir et blanc, elle a 7 ans, je l’ai trouvée dehors quand elle était petite, elle se nomme Titine, mais revenons à mon nouveau sujet : la première fois que j’ai éprouvé de la fierté :
15 mai 2011, Maman va accoucher de mon petit frère Mattéo, elle se dirige vers l’hôpital à 6 heures du matin car elle a des contractions, je voulais venir avec elle mais elle était déjà partie, je l’ai appelée au moins une dizaine de fois pas de réponse, heureusement il y avait mon oncle qui était là pour me rassurer, au bout d’un moment mon beau-père nous appelle et nous demande de venir voir Maman, elle avait accouché. Nous fonçons vers l’hôpital direction la chambre 205, j’ouvre la porte, je cours vers mon petit frère, le prend dans mes bras et lui fais un gros bisou, il était tellement mignon Mattéo, et c’est à ce moment-là que je fus fière de Maman, d’avoir souffert pendant 9 mois, et j’étais aussi fière de moi car j’avais fabriqué moi-même une petite armoire pour Mattéo, j’espère qu’il me remerciera quand il grandira.
I.